Le Miroir

Jamais vous ne pourrez vous voir vous-mêmes dans un miroir. Un miroir peut être utile à votre toilette, voire indispensable, mais ce n'est pas dans un miroir que vous trouverez la révélation de vous-même. Vous ne pouvez pas vous regarder priant dans un miroir, vous ne pouvez pas vous voir comprenant dans un miroir. Votre vie profonde, celle par laquelle vous vous transformez vous-même, c'est une vie qui s'accomplit dans un regard vers l'autre.

Dès que le regard revient vers soi, tout l'émerveillement reflue et devient impossible. Quand on s'émerveille, c'est qu'on ne se regarde pas. Quand on prie, c'est qu'on est tourné vers un autre ; quand on aime vraiment, c'est qu'on est enraciné dans l'intimité d'un être aimé. Il est donc absolument impossible de se voir dans un miroir autrement que comme une caricature si l'on prétendait y trouver son secret.

La vie profonde échappe à la réflexion du miroir ; elle ne peut se connaître que dans un autre et pour lui. Quand vous vous oubliez parce que vous êtes devant un paysage qui vous ravit, ou devant une oeuvre d'art qui vous coupe le souffle, ou devant une pensée qui vous illumine, ou devant un sourire d'enfant qui vous émeut, vous sentez bien que vous existez, et c'est même à ces moments-là que votre existence prend tout son relief, mais vous le sentez d'autant plus fort que justement l'événement vous détourne de vous-même. C'est parce que vous ne vous regardez pas que vous vous voyez réellement et spirituellement, en regardant l'autre et en vous perdant en lui. C'est cela le miracle de la connaissance authentique. Dans le mouvement de libération où nous sortons de nous-mêmes, où nous sommes suspendus à un autre, nous éprouvons toute la valeur et toute la puissance de notre existence...

Dans ce regard vers l'autre, nous naissons à nous-mêmes.

Sur le prisme de la tranche de cet étrange miroir
se prolonge vers l'infini, votre regard .
Il illumine tout mon temps en de soutenus espoirs,
à tendre plus loin ces pensées vers le paradis.
Aux grâces de l'une blonde et de l'autre noire,
à dérouler le ruban de ce soyeux et frêle destin,
que ce précieux cristal me permette d'entrevoir.
L'une vers le soir, et l’autre.. à l'aube du matin.
Parfois trop souvent à rêveries, que je cajole.
Je sais qu'il y a quelque part et en toutes fins,
l'arpège d'une étoile en vous, qui me console.
L'une vers le soir, et l’autre.. à l'aube du matin.
" Les nuits du bout du monde ",
ne sont que d'élogieux chemins,
sur lesquels me plaisent à confondre.
Celle du soir, à l'autre d'un baisemain.
Qu'il est doux de souhaiter se reposer,
aux croisements de ces ultimes recoins ..!
Où coeurs tendres semblent vouloir lier.
Celle du soir, et l'autre .. à l'aube du matin.
Un jardin d'Eden aux joies toujours fleuries,
pour glorifier nos âmes enfin pures et saines.
Un monde dans lequel nous serions conduits,
au son d'un diapason résonnant à, je t'aime.
Liant tous, main dans la main,
celle du soir au ruban du matin.
" Les nuits du bout du monde ",
sont parfois de belles allégories
qui appellent à leurs rondes :
La Muse que vous êtes.